L'amélioration spectaculaire de nos connaissances sur les mécanismes moléculaires du cancer s’est traduite par la découverte et le développement de nouvelles approches thérapeutiques et de nombreuses nouvelles drogues. Pourtant le cancer reste et continuera d'être, dans un avenir prévisible, l'un des problèmes médicaux le plus important et non résolu. Les autorités réglementaires, en particulier dans le monde occidental, ont fait preuve d'une souplesse croissante dans l'examen de nouvelles méthodes d'évaluation des médicaments anticancéreux pour leur autorisation de mise sur le marché. Cela a conduit à une augmentation significative de la rapidité d'approbation de nouveaux médicaments ces trois ou quatre dernières années. Il faut néanmoins en faire encore plus pour s'adapter aux réalités changeantes de l'oncologie.
Actuellement, Swissmedic approuve la mise sur le marché d’un médicament en 12-20 mois en moyenne (selon la procédure demandée par la firme pharmaceutique). Il s’agit d’un intervalle bref. Le cadre réglementaire pour l'approbation de nouveaux médicaments a évolué au milieu du 20ème siècle, en grande partie en raison de problèmes de sécurité très médiatisés, par exemple les malformations congénitales induites par la thalidomide. Inévitablement, et à juste titre, cela a conduit à un état d'esprit privilégiant la sécurité pour l'évaluation des nouveaux médicaments. Le paradigme traditionnel de développement des médicaments repose sur une batterie relativement standardisée (en particulier pour la sécurité) d'essais précliniques suivis d'étapes séquentielles d’essais cliniques (phase I-III) conduisant à la mise sur le marché.
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Les protocoles de recherche clinique sont résumés dans le tableau ci-dessous.
139 patients ont été inclus dans un des protocoles actifs: 78 patients dans un des protocoles de la SAKK et 61 patients dans un protocole d’un autre sponsor, d’une firme pharmaceutique.
Nous remercions le personnel qui a permis ce travail de recherche. Le personnel de recherche clinique de l'oncologie médicale durant l’année 2020:
Clinical trial coordinator et infirmière de recherche
- Mme N. Neuhaus1, datamanager, clinicial trial coordinator, taux d’activité 60%.
- Mme Karine Genoud1, datamanger, clinical trial coordinator, taux d’activité 50% du 1.1.- 29.2.2020, 80% du 1.3.-31.12.2020.
- Mme J. Lutz1, clinical trial coordinator, taux d’activité 60% du 1.1.-31.8.2020, 50% du 1.9.- 31.12.2020
- Mme L. Folly Hayoz1, clinical trial coordinator, taux d’activité 60% du 1.1.-31.8.2020, 50% du 1.9.-31.12.2020
- Mme P. Guntern2, study nurse et clinical trial coordinator, taux d’activité 50%, jusqu’en avril 2020
- M. J. Calderon2, clinical trial coordinator, taux d’activité 50%, à partir de juin 2020
- Mme M. Maître3, clinical trial coordinator, taux d’activité 50%
1) Postes financés par la Fondation
2) Postes financés par le HFR/Daler dans le cadre du centre de la prostate, Fribourg
3) Ce poste est financé par le HFR/Daler dans le cadre du centre du sein, Fribourg
Médecins (responsabilité)
- Responsable du team de recherche en oncologie médicale du centre Fribourg: Prof. D. Betticher, médecin chef à la clinique de médecine et responsable du service de l’oncologie médicale.
- Dresse A. Bettini, chef de clinique: responsable des clinical trial coordinator, mise en place du réseau de recherche clinique en oncologie au sein de l’HFR+HIB pour la SAKK.
- Dr M. Küng, médecin adjoint: responsable des protocoles urogénitaux, directeur du centre de la prostate.
- Dr L. Rosset, médecin agréé: responsable des protocoles du cancer du sein, directeur du centre du sein HFR/Daler.
- Dresse A. Efthymiou, médecin adjointe: responsable des protocoles des leucémies aiguës
- Dresses Mihaela Precup, Vérène Dougoud, Rahel Odermatt, Nadine Guitierres, Lucie Vignot, Christoforos Astaras, oncologues FMH et en possession de GCP, investigateurs.
Représentant du centre de Fribourg au conseil scientifique de la SAKK (Groupe suisse pour la recherche clinique sur le cancer): Prof. Abdelkarim Allal, médecin chef du service de radiothérapie HFR.
Cette équipe de recherche de Fribourg a déployé l’activité suivante en 2020 :
En comparaison avec les deux dernières années, le nombre de patients fribourgeois inclus dans les essais cliniques est resté stable par rapport à 2018 et a augmenté de 40 patients par rapport à 2019.
Grâce aux progrès en biologie moléculaire, les maladies cancéreuses sont classées dans un nombre croissant de sous-groupes, constitués de patients spécifiques et donc plus rares. En conséquence, notre petite équipe devra à l’avenir activer de nombreux protocoles pour l’inclusion d’un petit nombre de patients bien sélectionnés.
La chirurgie est curative pour la majorité des patients atteints d’un cancer du rein localisé sans métastases. La chirurgie est donc le traitement de choix pour les patients en stade I, II et III de la maladie. De nombreux cancers du rein sont cliniquement silencieux durant une longue période. Ainsi, le diagnostic n'est souvent posé que lorsque la maladie est localement avancée (et non résécable) ou qu'elle a formé des métastases (stades IV). En outre, la maladie peut finir par réapparaître chez des patients dont la tumeur a été initialement opérée. La thérapie systémique (immunothérapie et thérapie ciblée), la chirurgie et la radiothérapie peuvent toutes jouer un rôle selon l'étendue de la maladie et les sites touchés. En général, la thérapie systémique est mise en place rapidement en présence d'un cas métastatique non résécable.
Nivolumab (inhibiteur du récepteur PD-1) et ipilimumab (inhibiteur du récepteur CTLA-4) sont des anticorps appartenant à l’immunothérapie. Les deux stimulent des sous-types de globules blancs qui attaquent ensuite la cellule cancéreuse.
Une amélioration de la survie a été observée chez les patients traités par nivolumab et ipilimumab par rapport à l'ancien standard. L’essai de la SAKK 07/17 examine la tolérance de différentes doses de ces deux anticorps en vue d’optimiser l’utilisation de l'ipilimumab en combinaison avec nivolumab dans le carcinome rénal. En plus du régime modifié d'ipilimumab, les patients présentant un cancer du rein avec un bon risque et les patients de deuxième ligne ont également été autorisés à participer à l'essai.
Ce protocole SAKK pose des questions complémentaires sur l’immunothérapie (nivolumab + ipilimumab), un schéma thérapeutique qui n’est pas encore sur la liste des spécialités de l’OFSP. La participation au protocole de recherche assure au patient un traitement moderne et de haute qualité tout en permettant d’élargir les connaissances internationales sur cette thérapie. Une demande à la caisse maladie n'est pas nécessaire, les médicaments étant mis gratuitement à disposition par la firme pharmaceutique.
Patient de 59 ans, instituteur en bonne santé habituelle, mais qui souffre depuis plusieurs semaines de douleur au flanc droit. Les examens radiologiques et sanguins permettent de retenir le diagnostic d’un carcinome du rein droit agressif avec métastases pulmonaires et ganglionnaires d’emblée. Le scanner met en évidence une tumeur rénale d’une taille de 8.3 cm de diamètre au pôle inférieur du rein droit (fig.1a) associée à de multiples métastases pulmonaires (fig 1b).
Fig. 1a : Tumeur de grande taille (diamètre de 8.3 cm) au pôle inférieur du rein droit
Fig. 1b : Multiples métastases pulmonaires
Le patient est informé de la situation non-curative de sa maladie et nous lui proposons une immunothérapie par ipilimumab et nivolumab dans le cadre du protocole SAKK 07/17.
Le patient bénéficiera de 4 cycles d’immunothérapie (Ipilimumab et Nivolumab) avec rémission partielle (diminution de plus de 50% des masses tumorales). Selon le protocole, nous poursuivons l’immunothérapie par Nivolumab administré toutes les 2 semaines. Le dernier scanner montre après 8 mois de traitement une rémission complète (Fig. 2a et 2b).
Fig. 2a : Tumeur du rein droit invisible
Fig. 2b : Métastases pulmonaires invisibles
La thérapie a été tolérée sans effets secondaires notoires. Le patient se sent en pleine forme sans symptôme dans le cadre de sa maladie. Il vit en bonne santé avec son cancer actuellement indétectable. Il sait que sa maladie va récidiver et qu’une nouvelle thérapie sera indiquée (inhibiteurs des kinases).
Actuellement, le patient peut recevoir une thérapie moderne et hautement active dans le cadre d’un protocole de recherche, indépendamment du fait que cette combinaison soit admise par Swissmedic, mais non par l’OFSP. Ceci permet que la justice distributive dans les soins de base soit appliquée dans notre canton de Fribourg.
Le soutien de la formation postgraduée et continue du personnel médical et soignant est un des buts importants de notre Fondation. Durant l’année 2020, son activité a fortement diminué, les congrès n’étant plus organisés pour des raisons de pandémie COVID-19:
Formation du personnel soignant:
- La formation annuelle du personnel soignant en oncologie médicale est rendue possible grâce à un soutien partiel de la Fondation.
- Toutes les infirmières de l’unité ambulatoire d’oncologie médicale ont participé à la formation annuelle « Soins en oncologie » à Berne, en septembre 2020. Les frais non pris en charge par le HFR (trajet, frais d’inscription) ont été portés par la Fondation.
- Formation hebdomadaire des médecins et du personnel soignant: une heure par mois (exception faite du printemps et des mois d’été) est consacrée à un sujet touchant l’hémato-oncologie, l’oncologie générale, les soins palliatifs et la médecine alternative.
- Formation mensuelle des infirmières des unités ambulatoires de Fribourg, de Riaz et de Payerne: différents sujets touchant l’oncologie générale ont été discutés (reprise en automne).
Formation du personnel médical:
- Les médecins (Drs Küng, Precup, Dougoud, Gutierres, Odermatt, Bettini, Vignot, Rhyner, Astaras et Betticher) ont participé aux workshops et masterclass de l’Académie suisse d’oncologie multidisciplinaire (SAMO, Swiss Academy for Multidisciplinary Oncology) à Lucerne et Berne.
- Les Drs Küng, Gutierres, Dougoud, Precup, Vignot, Odermatt et Betticher ont participé à différents congrès internationaux, dès la pandémie de façon virtuelle: ASCO in the mountains, American Society of Clinical Oncology, ESMO (European Society of medical oncology).
- Formations multiples en Suisse en commun avec les médecins d’autres centres d’oncologie.
Les périodes de fin d’année sont chargées d’émotion. Le personnel soignant et les secrétaires ont offert aux patients une carte de voeux pour les fêtes ainsi qu’une plaque de chocolat Villars. Les patients ont été très touchés et reconnaissants de cette marque de soutien et d’attention.
Le centre de coordination de la SAKK évalue régulièrement la qualité du travail effectué dans les différents centres suisses de recherche, membres de la SAKK. De multiples «Data monitoring» (vérifications par une personne de la SAKK des sources de données cliniques, des formulaires et questionnaires remplis) et audits ont eu lieu dans tous les centres de la SAKK. Le retour de ces contrôles a été à chaque fois positif et ceci sans exception.
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