Chaque cancer est unique et différent d'une tumeur à l'autre. L'organe d'où provient la tumeur permet une classification grossière. Les analyses de biologie moléculaire subdivisent ensuite les tumeurs en différents groupes. C'est au médecin d'ajuster le meilleur traitement en se basant sur les informations du pathologue (résultats de la biologie moléculaire) et sur les comorbidités du patient.
En effet, les résultats de la biologie moléculaire tumorale, obtenus par séquençage de nombreux gènes responsables de la croissance maligne, définissent des sous-types de cancers permettant des thérapies ciblées. Cette catégorisation tumorale permet d'une part une approche thérapeutique individualisée, mais complique d’autre part la recherche clinique: les critères d'inclusion/exclusion définissent des patients faisant partie d'une "niche". Afin d'obtenir un nombre suffisant de patients par groupe recevant une thérapie ciblée et identique, il est nécessaire d'unir les différents centres d'oncologie médicale au niveau national et international.
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Les protocoles de recherche clinique sont résumés ci-dessous.
Chaque année de nombreux patients sont traités dans le cadre d'un protocole de recherche du SAKK (Groupe suisse de recherche clinique sur le cancer) ou dans un protocole d’un autre sponsor, d’une firme pharmaceutique par exemple. Le tableau suivant résume l'activité de la recherche clinique dans le canton de Fribourg:
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Le cancer est la cause de mortalité la plus fréquente au niveau mondial. En Suisse, elle est en 2ème position après les maladies cardiovasculaires. Toutefois, la mortalité suite au cancer est la plus élevée pour les tranches d'âge 45-84 ans (Fig.: Causes de mortalité en Suisse en fonction de l'âge et du genre, Office fédérale des statistiques, Neuchâtel, 2013)
Dans le canton de Fribourg, plus de 1300 patients (moyenne des années 2006-2012, registre des tumeurs fribourgeois) reçoivent le diagnostic de cancer chaque année. Chaque jour, trois familles fribourgeoises environ sont touchées par cette grave nouvelle qui engendre beaucoup de peur et de souffrance. Le nombre de patients demandant des soins lourds va fortement augmenter. L’organisation mondiale de la santé parle même d’épidémie du cancer.
Cette évolution demande un développement soutenu en thérapie, une recherche clinique de nos patients est alors obligatoire.
L’éribuline comme chimiothérapie de première ligne en cas de cancer du sein métastatique pour les patients >70 ans
L’objectif de ce protocole de recherche clinique est d’étudier l’effet et la tolérance du médicament éribuline (Halaven) dans le cancer du sein avancé (avec métastases à distance) chez les patientes âgées. Eribuline est issu de l’éponge de mer Halichondria okadai. Il a la propriété d’inhiber la division cellulaire, ce qui entraîne la mort physiologique des cellules, l’apoptose. L’éribuline est autorisé depuis plusieurs années aux USA, dans la CE et en Suisse pour le traitement du cancer du sein métastatique, mais uniquement suite à plusieurs lignes de chimiothérapie avec une bonne activité.
Après avoir obtenu le consentement des patientes, elles sont inclues dans le protocole SAKK et bénéficient de la thérapie d’éribuline mise à disposition par la firme pharmaceutique en 1ère ligne:
Exemple d’une patiente: Patiente âgée de 73 ans avec diagnostic, il y a 10 ans, d’un cancer du sein droit, d’une taille de 1.5 cm sans atteinte de ganglion lymphatique et bien différencié. L’analyse immunohistochimique de la tumeur avait mis en évidence une forte expression des récepteurs oestrogéniques et progestéroniques. La patiente avait alors bénéficié à l’époque d’une thérapie antihormonale par Tamoxifen (Nolvadex) et Anastrozol (Arimidex) après résection de la tumeur et radiothérapie du sein droit. Sept ans plus tard, elle souffre de douleurs de la colonne dorsale et lombaire. Les examens radiologiques, en particulier la scintigraphie osseuse, mettent en évidence la présence de multiples métastases osseuses. Les traitements antihormonaux par Letrozol (Femara) et ensuite Fulvestrant (Faslodex) associés à Dénosumab (Xgeva, substance qui solidifie l’os) ont pu freiner la progression durant 3 ans.
Actuellement, la patiente souffre de douleurs localisées surtout au niveau sternal et thoracique bilatéral suite à la progression des métastases osseuses au niveau du sternum et des côtes. La scintigraphie osseuse (figure) explique les douleurs en mettant en évidence de multiples métastases actives au niveau de la colonne et du sternum. Elle est résistante aux thérapies antihormonales et l’indication à une chimiothérapie est donnée. La patiente accepte l’inclusion dans le protocole SAKK et reçoit le traitement d’éribuline subjectivement sans effet secondaire hormis de la fatigue. Les douleurs osseuses ont rapidement cessé. La prise d’analgésique de type morphinique n’est plus nécessaire. Après 8 cycles de chimiothérapie, nous suspendons le traitement à la demande de la patiente. Nous débutons alors une thérapie par Exmestane (Aromasine) associé à Dénosumab (Xgeva)
La formation postgraduée et continue du personnel médical et soignant est un des buts importants de notre Fondation. Durant l’année 2016, son activité se résume comme suit:
Formation du personnel soignant:
- La formation annuelle du personnel soignant en oncologie médicale est rendue possible grâce à un soutien partiel de la Fondation.
- Toutes les infirmières de l’ambulatoire d’oncologie médicale ont participé à la formation annuelle « Soins en oncologie » à Berne, mars 2016. Les frais non pris en charge par le HFR (trajet, en partie enregistrement) ont été portés par la Fondation.
- Formation mensuelle des médecins: une heure par mois (exception faite des mois d’été) est consacrée à un sujet touchant l’hémato-oncologie.
- Formation mensuelle des infirmières des ambulatoires de Fribourg, de Riaz et de Payerne: différents sujets touchant l’oncologie générale ont été discutés.
Formation du personnel médical:
- Les médecins (Drs Küng, Zimmermann, Precup, Bettini, Dougoud, Gutierres et Rhyner) ont participé aux workshops de l’Académie suisse de l’oncologie multidisciplinaire (SAMO, Swiss academy for multidisciplinary oncology) à Lucerne.
- Les Drsses Bettini et Rhyner ont participé à la Masterclass de l’Académie suisse en guise de préparation à l’examen FMH en oncologie médicale.
- Les Drs Küng, Gutierres, Dougoud, Precup, Zimmermann et Betticher ont participé à différents congrès internationaux (ASCO, American Society of Clinical Oncology, Chicago, ESMO (European Society of medical oncology), congrès international du cancer du côlon à Barcelone. Les frais de ces formations ont été pris en charge en grande partie par les firmes pharmaceutiques (selon les directives de SwissMedic) et le solde a été porté par la Fondation.
- Formation mensuelle en commun avec les médecins assistants de la clinique de médecine interne.
Le centre de coordination de la SAKK évalue régulièrement la qualité du travail effectué dans les différents centres suisses de recherche, membres de la SAKK. De multiples «Data monitoring» (vérifications par une personne de la SAKK des sources de données cliniques, des formulaires et questionnaires remplis) et audits ont eu lieu dans tous les centres de la SAKK. Le retour de ces contrôles a été à chaque fois positif.