L’essai clinique MONALEESA a inclus des patientes ménopausées souffrant du cancer du sein avec des métastases à distance. Les patientes étaient tirées au sort (randomisées) pour recevoir un placébo ou ribociclib (un inhibiteur CDK4-6). Les deux groupes ont reçu un inhibiteur oestrogénique (fulvestrant). Les résultats montrent une amélioration de la survie sans rechute du cancer de 41% et de la survie globale de 27% (Figure 2). Ces résultats ont permis à la firme pharmaceutique d’enregistrer le médicament pour les patientes souffrant d’un cancer du sein métastatique hormono-dépendent en association avec une thérapie antihormonale.
Figure 2: Survie globale des patientes de l’essai Monaleesa , comparaison des deux groupes avec ou sans Ribociclib. Les patients ayant reçu le Rbiociclib ont une survie globale améliorée de 27%. Les patientes incluses dans les essais cliniques sont toutes choisies selon les critères de sélection d’inclusion et d’exclusion mentionnés dans chaque protocole clinique. Elles sont bien choisies et ne représentent pas la « vie de tous les jours ». Cette sélection des essais cliniques permet d’obtenir des résultats au-delà de la réalité du quotidien. C’est la raison pour laquelle les firmes pharmaceutiques sont intéressées de connaître les résultats de la vraie vie (« the real world data »). Notre protocole « Ribelle » traite de la vraie vie des patientes qui reçoivent le ribociclib (Kisqali®).
L’essai clinique présenté ici est non interventionnel et analyse l'administration de ribociclib (Kisqali®) en association avec un inhibiteur de l'aromatase ou du fulvestrant afin de confirmer les résultats de l’essai MONALEESA dans la vie réelle. L'étude se concentre sur l'efficacité, l'innocuité et la tolérabilité, la durée du traitement et la qualité de vie des patientes atteintes d'un cancer du sein avancé/métastatique hormono-dépendent.
Étant donné que les inhibiteurs de CDK4/6 sont une classe de molécules relativement nouvelle, des données supplémentaires dans d'autres lignes thérapeutiques seront collectées. Les nouvelles données acquises fourniront de nouvelles informations concernant l'algorithme thérapeutique, la séquence thérapeutique et l'efficacité d'autres thérapies après le ribociclib plus un inhibiteur de l'aromatase ou le ribociclib plus le fulvestrant.
Les objectifs de cet essai sont d'étudier l'efficacité et la tolérabilité du ribociclib en association avec un inhibiteur de l'aromatase comme traitement endocrinien initial pour les femmes pré-, péri- ou postménopausées atteintes d'un cancer du sein avancé hormonodépendent ou avec le fulvestrant comme traitement endocrinien initial ou après un traitement endocrinien antérieur pour le traitement des femmes ménopausées.
Ces mesures se font dans le monde réel en utilisant le délai jusqu'à l'échec du traitement comme critère d'évaluation principal, ainsi que son profil d'innocuité (y compris les modifications de dose, la gestion des effets indésirables et les résultats de la qualité de vie) (Figure 3).
Figure 3: Description de l’essai Ribelle et ses objectifs.
Exemple d’une patiente incluse dans le protocole Ribelle
Isabelle (prénom modifié), âgée de 47 ans, mariée, mère de deux enfants (deux filles de 15 et 18 ans), travaille comme aide-soignante à 40%. Elle se présente chez son médecin traitant après avoir remarqué une « boule » indolore dans son sein droit. Elle n’a pas d’autres plaintes telle que fatigue ou inappétence. Son poids a même augmenté de 3 kg durant les derniers 6 mois. Cependant, elle souffre de douleurs costales et du bassin côté gauche, d’apparition intermittente. Ces douleurs osseuses se sont aggravées durant les 2 derniers mois. Ses menstruations sont régulières et elle ne présente pas de symptôme qui pourraient signaler un passage à la ménopause.
Isabelle se souvient de sa mère qui avait développé un cancer du sein à l’âge de 55 ans traité par chirurgie, radiothérapie et des anti-hormones. Elle était décédée 15 ans plus tard suite à une attaque cérébrale.
Son médecins traitant confirme cette « boule » dans le sein droit et demande une mammographie et ultrason qui mettent en évidence une lésion « étoilée » avec des micro-calcifications. Une biopsie donne le diagnostic d’un cancer du sein (carcinome invasif, moyennement différencié), avec expression des récepteurs oestrogéniques (90%) et progestéroniques (70%). Le taux de prolifération des cellules est de 15%. Isabelle rappelle à son médecin qu’elle souffre de douleurs osseuses, s’agit-il aussi d’une atteinte cancéreuse ?
L’imagerie du PET scan (figure 4) confirme malheureusement la suspicion de métastases osseuses et montre aussi de multiples petites métastases pulmonaires.
Le diagnostic retenu est un cancer du sein métastatique au niveau osseux et pulmonaire, donc noncurable, il s’agit d’une situation palliative. Isabelle devra vivre avec sa maladie, l’objectif de toute thérapie étant de garder une excellente qualité de vie grâce et malgré le traitement. Son médecin l’adresse au centre d’oncologie du HFR.
Les examens de sang montre qu’Isabelle ne souffre d’aucune insuffisance médullaire, hépatique ou rénale. Le marqueur tumoral du cancer du sein CA 15-3 est élevé (358, norme <35 U/l).
Isabelle est informée de sa situation de la maladie cancéreuse avancée et est déterminée à se battre contre cette maladie. Elle a lu attentivement l’information aux patientes de l’essai avec l’administration de Ribociclib (Kisqali®) et accepte son inclusion. Elle bénéficie d’un traitement antihormonal (Exemestane (Aromasine®) et Gosereline (Zoladex®) avec Ribociclib (Kisqali)). Exception faite de symptôme dans le cadre de la ménopause induite par le traitement anti-hormonal, elle n’a pas d’autre effet secondaire. Elle remarque par contre la disparition des douleurs osseuses. Localement la tumeur diminue de volume. En deux mois elle se sent en pleine forme et bénéficie d’une qualité de vie à 100%.
Après 6 mois de traitement nous répétons le PET/CT qui montre une fonte tumorale mammaire gauche et une disparition des métastases pulmonaires (pas visible sur la figure) et osseuses (figure 5).
Isabelle sait que l’évolution est favorable, mais qu’un jour la maladie va réapparaître (les métastases pulmonaires et osseuses). La thérapie étant bien supportée, elle est poursuivie sans modification. En conclusion, ce traitement permet à Isabelle de vivre en BONNE SANTÉ AVEC SON CANCER.