Le rôle de l’activité physique après la thérapie anticancéreuse

Le cancer touche un grand nombre de patients. Environ la moitié des patients sont guéris grâce aux thérapies modernes (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, thérapies ciblées et immunothérapie). Le retour à la vie « normale » après ces traitements est souvent difficile. La personne ayant souffert du cancer doit réintégrer un poste de travail qu’elle a quitté il y a plus de 6-9 mois. Parfois, les effets physiques, mentaux ou émotionnels du traitement anti-cancéreux modifient, retardent les plans de reprise d’activité professionnelle ou rendent même impossible ce retour au travail.

Les effets secondaires à long terme du traitement, les exigences physiques et le stress du travail, les besoins de soins de suivi (plaie, prise de nourriture, thérapie de maintenance etc.) ne permettent souvent plus de reprendre une activité professionnelle dans les mêmes conditions qu’avant la maladie. Le personnel des ressources humaines ou de l’assurance invalidité ainsi que le personnel de soutien de la ligue contre le cancer sont une aide indispensable dans ces moments difficiles. Il s’agit de définir le type de reprise (temps partiel ou plein temps), d’envisager une aide de rééducation ou même un congé maladie non payé.

Le retour au travail après un traitement curatif du cancer est fréquemment associé à un état de déprime. La personne est amenée à partager avec ses collègues les expériences vécues lors du diagnostic et traitement, à discuter des causes de la maladie. A cela s’ajoute l’incertitude d’une éventuelle récidive. De plus, le patient peut ressentir de la fatigue, de la douleur, des problèmes cognitifs et d'autres effets secondaires de la maladie et du traitement. Il doit prendre en compte ces nouvelles limites et restrictions lorsque qu’il reprend le travail. En effet, après une intervention chirurgicale, des cures de chimiothérapie et finalement une radiothérapie, les réserves physiques sont diminuées. La concentration et la résistance au stress sont affaiblies. De nombreux essais cliniques ont étudié l’importance d’une activité physique plus intense après les traitements du cancer ou lors de thérapie de maintenance (traitement antihormonal, immunothérapie ou chimiothérapie « douce »).

Le sport présente de nombreux avantages pour la santé et a été associé à une amélioration des résultats du traitement du cancer chez les patients recevant une chimiothérapie standard1. Il a également été démontré que la marche rapide, en tant qu'activité physique, a un impact positif sur l'état de santé des patientes atteintes d’un cancer du sein. Selon une étude d'observation prospective, l'avantage maximal se produisait pour les femmes qui marchaient de 3 à 5 heures par semaine à un rythme moyen, avec peu d’évidence d’un avantage plus grand lors d’une activité plus intense2. Une méta-analyse réunissant plusieurs essais cliniques a révélé que l'activité physique chez les patientes atteintes d'un cancer du sein était associée à une réduction significative de 29 % du risque de décès par cancer du sein, comparativement aux patientes inactives3.

Une activité physique régulière renforce les performances et la confiance en soi, améliorant considérablement la qualité de vie et la reprise du travail. Mais ce n'est pas tout: l'activité physique semble aussi avoir une influence directe sur le développement du cancer, son évolution et le risque de rechute. Elle apporte ainsi sa contribution à la prévention du cancer dans la prévention primaire, secondaire et tertiaire. Il est recommandé de suivre un programme d'activité physique de 60 minutes trois fois par semaine.

Les mécanismes biologiques qui expliquent pourquoi le sport a une influence sur le cancer sont encore largement inconnus. Chez les femmes atteintes d'un cancer du sein hormono-dépendant, l'exercice semble diminuer le taux d'oestrogènes dans le sang et les tissus, tout comme la pharmacothérapie antihormonale administrée lors de thérapie adjuvante. Cependant, les bases scientifiques souffrent de lacunes: s’agit-il de patientes en bonne forme qui bénéficient de l’activité physique ? Ceci pourrait être un biais important surévaluant l’effet de l’activité physique. De plus amples essais cliniques étudiant l’activité physique sont nécessaires.

En 2019, le centre d’oncologie fribourgeois a donné la possibilité aux patientes ayant souffert d’un cancer du sein hormono-dépendant de participer à un essai clinique leur demandant d’exercer une activité sportive. Il ne fait aucun doute que cette étude du Groupe Suisse pour la recherche clinique contre le cancer (SAKK) démontre un impact fort sur le bien-être des patientes, permettant une reprise de leur activité au même niveau qu’avant leur maladie.


1) Courneya, K.S., et al., Effects of exercise during adjuvant chemotherapy on breast cancer outcomes. Med Sci Sports Exerc, 2014. 46(9): p. 1744-51.
2) Holmes, M.D., et al., Physical activity and survival after breast cancer diagnosis. JAMA, 2005. 293(20): p. 2479-86.
3) Schmid, D. and M.F. Leitzmann, Association between physical activity and mortality among breast cancer and colorectal cancer survivors: a systematic review and meta-analysis. Ann Oncol, 2014. 25(7): p. 1293-311.